Le vélo non grata : la préparation de nos cadres
Ils ont fait les belles heures du VTT à ses débuts, ils sont aujourd’hui rejetés. Les VTTs des années 80-90 n’ont plus le vent en poupe. Il s’agit pourtant, pour certains, d’excellents cadres aux histoires singulières et conceptions originales. Ils représentent le cœur de nos cargos. Voici comment nous les préparons à leur nouvelle vie.
Le roi du Vélo Jeté
Le VTT des années 80-90 a un look particulier : un tube horizontal très horizontal, des bases très horizontales, des roues très 26 pouces, une douille de direction trop 1 pouce et un poste de pilotage très…. pilotage.
Il ne fait plus envie, en somme. Ni aux Vttistes sportifs qui veulent de la modernité (des roues plus grandes, du freinage hydraulique, plus de légèreté, un design plus sloping…), ni aux urbains qui ne veulent pas d’un vieux 4x4, ni aux étudiants qui préfèrent un vieux bazar vintage, ni même aux collectionneurs qui cherchent quelques rares modèles uniquement.
Il suffit d’ailleurs de visiter les associations vélos et déchèteries pour se rendre compte qu’au pays du Vélo Jeté, le VTT est roi.
VTT Ferraroli Etna de 1991. Crédits : generationmountainbike.com
C’est du gâchis. C’est du gâchis car derrière ces looks vieillots se cachent régulièrement de belles conceptions, avec des fabrications sérieuses et des tubes de haute qualité. C’est encore du gâchis car les VTTs faits en France occupent une part conséquente de ces abandons.
A l’heure où réindustrialisation et production locale sont dans la bouche de tous les politiciens locaux, il suffit en réalité d’ouvrir le couvercle de sa poubelle pour retrouver son héritage.
Cet héritage se cache parfois aux coins de cadres Peugeot et MBK sous les noms savants de PBS (Peugeot Brazing System) ou Internal Brazing System, qui renvoient à l’époque où les Français produisaient des cadres de vélo avec un système de brasure interne très malin et propre (article à venir).
Ce sont ces histoires que nous sauvons avant tout. Et accessoirement des tubes de bonne qualité CrMo. Mais laissons les acronymes aux acronymeurs.
Sauver le soldat VTT
Chaque vélo récupéré est inspecté : qualité des soudures, fissures sur le cadre, rouille, corrosion, alignement…
Beaucoup de vélos sont jetés à cause de leur aspect extérieur. Une éraflure superficielle peut avoir généré une marque de corrosion visuelle sans pour autant montrer des signes de rouille, lorsque cette dernière ronge le tube. Il suffit souvent de nettoyer la zone pour s’en rendre compte.
Les cadres, soi-disant obsolètes, sont ensuite remis au goût du jour. Si leur entraxe arrière suit les standards des années 1970-80, soit 130mm, nous les passons à l’aide de Grands procédés de cadreurs en 135mm afin de pouvoir accepter des roues modernes et du freinage à disque.
Suite à cet élargissement, l’alignement du cadre est vérifié et redressé (la magie de l’acier). Les pattes arrière subissent par la suite la même cure de rajeunissement.
Vérification de l’alignement du cadre
Vérification de l’alignement des pattes
La dernière étape de ce sauvetage consiste à ajouter au cadre un support d’étrier de frein à disque sur le hauban (IS, pour les passionnés) et un renfort.
Une petite douche d’antirouille et le cadre est prêt à rencontrer son âme soeur cargo.
Montage du support d’étrier de frein à disque
C’est précisément ici que le surcyclage prend tout son sens : transformer un produit, un objet considéré comme obsolète et rejeté, en un analogue contemporain et désiré avec une plus-value énorme dès lors qu’il accueille sa plateforme cargo.
