Un vélo cargo de proximité

Avertissement : ceci est une histoire vraie. Toute fiction en relation avec des personnages ayant réellement existé n’est absolument pas fortuite

Toulouse. Novembre. Les feuilles recouvrent une partie du parvis de la place du Marché aux Cochons, coeur du quartier des Minimes. Un employé municipal est occupé à les balayer, machinalement, la nuque inclinée, comme chaque jour.

Soudain, son balai effleure la chaussure d’un homme. Le travailleur lève les yeux. Face à lui, une ombre et des yeux perdus dans l’infini. “Oh fratello, t’y fais quoi là !?”, l’interpelle-t-il, surpris.

L’homme immobile enlève ses écouteurs pour s’excuser puis s’empresse de les remettre pour écouter la suite du programme radio. “…la zone à faible émission toulousaine concernera tous les fourgons professionnels Crit’Air 4 et 5. Il leur sera interdit d’y pénétrer. Des amendes sont prévues pour les contrevenants."

Romain est artisan peintre. Jusqu’à cette triste matinée de novembre, il coulait des jours de travail heureux à bord de son Berlingo de 2001. Ce dernier doit désormais partir à la poubelle. L’homme se doit de rebondir s’il ne veut pas y envoyer son entreprise également.

Le Toulousain se recoiffe, contourne le tas de feuilles, et se met en marche vers chez lui. Holy Wars de Megadeth dans les oreilles, ses angoisses semblent l’avoir quitté pour un temps.

“Pensez vélo !”

Le slogan affiché sur le site de Ma Cycloentreprise après quelques recherches sur le Net fait tilt dans la tête de Romain.

Il clique. Découvre. Regarde. Le programme vise à promouvoir la cyclomobilité professionnelle auprès des petites entreprises et aide à financer le coût total d’un VAE ou vélo cargo. Vélo cargo, vélo cargo… Et si c’était ça la solution ?, se dit l’artisan. Il s’inscrit à la prochaine session, boit une gorgée d’eau, avant de claquer l’écran de son ordinateur pour le fermer comme il claquait autrefois la porte de son Berlingo.

Le jour J, un jeune homme à l’accent chantant lui fait tester un vélo mais surtout l’aiguille à travers les méandres du cargo. Romain écoute. Il ne retiendra au final que deux mots : Botch Cargo Bikes et Minimes, son quartier.

L’artisan salue le jeune homme à l’accent chantant avant de sortir ses écouteurs de la poche. La chanson de Megadeth se lance à nouveau. “P*****, je déteste ce groupe”, murmure-t-il.

La rencontre

Romain est en avance. Il n’imaginait pas que l’atelier Botch Cargo Bikes était aussi proche de chez lui. Il a avalé le petit kilomètre en question en un temps record, poussé par une brise glaciale qui l’accompagna jusqu’à l’entrée du hangar.

Romain découvre alors des cadres de vélos, des hommes, des histoires et des cargos. Il monte, essaie, accroche. Il a plein de projets en tête. Il voit des couleurs, des accessoires, une motorisation électrique. Il imagine ses trajets vers le centre-ville.

Il serre enfin la pince d’un mec cool non souriant avant de claquer la porte de l’atelier, avec une douceur que son Berlingo n’avait jamais connue.

C’est donc ça la mobilité douce, se dit-il, en souriant.

Tout est bien qui finit bien. Il vivra heureux avec son cargo et aura beaucoup d’enfants…

Bref

Si l’histoire a pris un tournant de conte de fées, il ne faut pas y voir pour autant une tentative d’écrire un énième article de propagande-pro-vélo-anti-voiture-diesel, etc.

C’était en premier lieu l’envie d’écrire un texte de cet ordre (on fait ce qu’on veut sur notre blog !!) et deuxièmement, de mettre en exergue l’attitude de Romain dans son choix de cargo.

Il a non seulement pris la décision de passer au vélo pour ses déplacements professionnels quotidiens mais il a fait confiance à des acteurs locaux pour l’accompagner sur cette question.

Localisation de la fabrication, proximité client-fabricant, circuits courts, économie circulaire en bonus…. Bingo ! Nous connaissons tous le combo gagnant si nous souhaitons améliorer certaines choses dans notre société, sans même parler du climat.

Mais cela ne marche que si chacun remplit sa part du contrat moral : la confiance côté acheteur et une certaine empathie côté fabricant.

Aider à une transition douce vers d’autres mobilités en gardant l’aspect local, c’est offrir la possibilité d’accéder à ces nouveaux moyens de transport à un tarif maîtrisé. Et cela passe par des compromis et réflexions dès la conception.

Car le fait main en France ne justifie (malheureusement pas tout). Pour le reste, il y aura (malheureusement) toujours l’Asie.

Côté matos

Montage standard électrique :

  • Transmission 9V Shimano Alivio en 11-36

  • Freinage à disque hydraulique Shimano avec disques 180mm et 160mm

  • Roues Mach1 Kargo

  • Pneus anticrevaison Mitas et Continental

  • Cintre Trekking et pédales plates

  • Kit Virvolt 900 avec batterie de 370 WH

  • Caisse de transport faite maison par Romain !

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